Les jours rallongent de plus en plus, le soleil, lorsqu’il est présent, chauffe davantage… Février a connu de belles journées, douces peut-être même trop chaudes et également une pluviométrie importante. Pendant les sorties ensoleillées, nous avons pu remarquer que les abeilles ramenaient de belles quantités de pollen et les pourvoyeuses d’eau faisaient également des va-et-vient incessants, signe que la reine est sollicitée pour reprendre et accentuer sa ponte.
La nature a pris un peu d’avance, les aulnes commencent à allonger leurs chatons, les saules bourgeonnent, et petit à petit, ces nouveaux pollens remplaceront ceux des noisetiers qui commencent à faner ; sur les talus bien protégés, quelques fleurs de pissenlit apparaissent, source de nectar qui permettra de nourrir les larves. Le réveil est bel et bien là, soyons prêts à intervenir.
Même si nous sommes pressés d’aller voir ce qui se passe à l’intérieur des ruches, il faut rester très prudent, un refroidissement lié à une visite à cette période de l’année peut compromettre la santé de la colonie. Restez très vigilants : pas d’ouverture possible sans que les températures aient atteint les 16°, avec un soleil présent et surtout sans vent, la visite sera rapide pour faire le constat de la densité de la ponte. Petit à petit les jeunes abeilles vont remplacer celles d’hiver qui auront passé plusieurs mois à préserver la vie de la colonie.
10 points et conseils très importants à ne pas négliger :
- Vérifier si la nourriture est suffisante, les semaines à venir vont voir une consommation s’accentuer. Si besoin, ajouter un pain de candi ou si les températures le permettent, à plus de 16° vous pouvez donner en fin de journée aux colonies les plus faibles, un peu de sirop épais et tiède pour compléter les réserves (à faire avec parcimonie).
- Un beau couvain, bien compact est signe que la colonie est prometteuse.
- Un couvain clairsemé est le signe que la reine est âgée ou qu’elle a été mal fécondée. Si vous avez la certitude que c’est une jeune reine, c’est une non-valeur qu’il ne faudra pas garder, mais attendez le mois d’avril car un élevage royal ne peut être réussi sans avoir suffisamment de mâles aptes à la reproduction.
- Pas de ponte du tout : ne perdez pas de temps à vouloir essayer de sauver la colonie, vous serez déçus. Si les cadres sont beaux, sans anomalie et sains (pas plus de 3 ans de service), vous pouvez les conserver, ce sera un gain de temps appréciable pour faire augmenter une ponte dans une autre colonie, sans avoir à faire construire au préalable des cadres cirés. Les abeilles pourront être secouées au loin en déplaçant la ruche de son emplacement initial, les ouvrières restantes se répartiront dans les autres ruches à proximité et seront facilement acceptées car leur jabot sera plein.
- Pensez à aller sur votre rucher en amenant des plateaux propres, ils seront tous échangés pour éviter toute propagation de maladies.
- Attention au pillage ! Tout apiculteur rêve de n’avoir que des ruches populeuses et productives, mais malheureusement, sans en connaître la cause, des colonies plus ou moins faibles et sans surveillance particulière, peuvent se faire piller et un pillage organisé ne dure que quelques heures… Vous allez perdre à la fois une colonie et vous risquez de contaminer une ou plusieurs autres s’il y a un problème sanitaire.
- A la fin du mois, les ruches faibles avec un couvain peu développé mais compact, peuvent facilement repartir avec un nourrissement de stimulation, 50-50 donné tiède et le soir à raison de 20 cl tous les 2 jours ; pensez également à réduire le trou de vol pour éviter tout pillage. Si c’est un sirop du commerce, le risque est moindre car il est sans odeur, mais attention à celui que vous fabriquez avec du sucre !
- Dès la reprise de la ponte, les colonies ont besoin de beaucoup d’eau pour la fabrication de la bouillie larvaire, mélange de pollen, miel et eau. Mettez-leur à disposition des abreuvoirs avec de l’eau saine ; avec un peu d’imagination, vous pourrez facilement trouver le moyen pour que les abeilles ne se noient pas… Changez l’eau régulièrement et si les abreuvoirs sont mis suffisamment tôt, elles en prendront l’habitude et n’iront pas chercher cette eau sur des flaques qui ont pu contenir des traitements agricoles, des hydrocarbures ou tout autre produit polluant…
- Ne soyez pas impatients, attendez impérativement la fin du mois pour agrandir le nid à couvain, il ne faut pas augmenter prématurément le volume car les nuits sont encore fraîches et la population encore insuffisante. Attendez le bon moment (température adaptée et absence de vent) pour faire une visite approfondie et pour changer les cadres de rives noircis et souvent moisis par des cadres neufs et cirés.
- Dans le même ordre d’idée, n’hésitez pas à réduire le volume des colonies faibles et à ajouter des partitions isolantes et réfléchissantes, cela va considérablement aider les abeilles dans leur développement en maintenant la chaleur dans le nid à couvain.
Rendez-vous au mois d’avril. A.L. et K.L.