La Manche Apicole

AU FIL DES MOIS… MAI 2024

 

Reine marquée vert couleur de l’année 2024

Pratiquement le même scénario qu’en 2023 : ce mois d’avril a été froid, très peu ensoleillé et la pluviométrie a battu des records… Bref, « en avril ne te découvre pas d’un fil » aura été l’adage une fois encore vérifié ! Pendant tout ce mois, les visites des colonies ont plutôt été brèves, à peine le temps de remplacer les cires noircies par le temps et mettre à bâtir des cires neuves… La forte pluviométrie a ses contraintes mais également ses avantages, les sols étant très imbibés d’eau, les ronciers ainsi que le trèfle blanc pourront profiter de cet apport pour bien démarrer lorsque les températures seront plus élevées.

Une remarque toutefois, les colonies sont belles, mais la nourriture est manquante pour certaines, malgré les floraisons abondantes de notre bocage.

Les visites de printemps sont maintenant terminées, les cadres de cires mises à construire ont pu être recentrés dans le nid à couvain ; ce changement de cadres cirés a de multiples avantages, il permet d’une part à nos jeunes cirières de travailler, de permettre à la reine de pondre dans une cire neuve, de limiter l’essaimage et bien sûr de permettre une bonne rotation des cadres, gage d’un renouvellement de ceux-ci pour assurer une bonne conduite apicole.

Cadre de cire gaufrée

Pour les néophytes, où placer ces cadres de cire gaufrée ? Entre celui du pollen et le premier cadre de couvain. Si vous en avez mis deux à construire, un de chaque côté, repasser sur vos ruches une semaine après et les repositionner tous les deux dans le centre. Pensez à numéroter les cadres neufs pour faciliter cette rotation. Autre précision sur ce sujet, cela permet également de faire développer plus rapidement la colonie car au centre du nid à couvain, la reine viendra très rapidement pondre.

Numéroter les cadres neufs

En règle générale, le couvain était bien compact, concentrique, avec du pollen ainsi que de la nourriture au-dessus. Pour les colonies manquant un peu de population, vous trouverez un peu de couvain dit « plâtreux », car il y a eu un manque certain de chaleur au sein de la ruche. On a pu y remédier en resserrant les cadres et en plaçant des partitions isolantes dites chauffantes.

Des hausses ont pu garnir les colonies qui en méritaient, c’est-à-dire celles qui avaient au moins 6 cadres de couvain, mais attention au refroidissement… en plaçant une hausse, vous augmentez le volume de la ruche de 50 %, n’hésitez pas à placer entre celle-ci et le corps de ruche, un isolant sur une partie des cadres (morceau de couverture de survie, carré de toile cirée ou isolant multicouches…) c’est fortement recommandé. Au-delà de 6 cadres de couvain, des essaims artificiels ont pu également être constitués pour à la fois « dégonfler » certaines colonies, augmenter son cheptel ou pallier aux pertes hivernales assez importantes cette année.

Cadre de couvain, pollen et miel en couronne

Ceux qui ont des balances connectées ont pu suivre leurs ruchers distants et s’apercevoir que sur quelques ruchers bien protégés, les hausses se sont quand même remplies, deux par ruche… Ce ne sera probablement pas la récolte du siècle en ce printemps 2024, mais une petite quand même et il ne faut surtout pas la négliger si l’on ne veut pas voir partir des essaims sur l’ensemble des colonies.

La période tant redoutée de tous les apiculteurs reste l’essaimage et même si vous avez été prévoyants, donné de la cire à étirer, posé des hausses, fait des essaims… quelques départs vont quand même être constatés malgré tous ces efforts, mais pour se rassurer, mieux vaut un départ maintenant qu’à la fin du mois, la colonie aura le temps de se reconstituer et pourra tout de même faire une récolte d’été… Déjà, dès le début du mois, des essaims sont partis. Il ne faut toutefois pas oublier que l’essaimage reste le mode de reproduction naturel des colonies d’abeilles, mais voir ou constater une ruche se vider d’une grande partie de sa population peut engendrer un certain découragement, soyons donc vigilants. Un dicton à méditer : essaim de mai vaut vache à lait…

Double essaim avec une reine dans chaque essaim

En ce début de printemps, l’euphorie qui règne au sein de la ruche est également appelée fièvre d’essaimage, et fort heureusement, rien ou presque ne peut contrer ce rituel ancestral. Les ouvrières, poussées par cet instinct, édifieront des cellules royales en nombre qui pourront potentiellement donner naissance à autant de reines et de surcroît à plusieurs essaims secondaires qui au fur et à mesure des départs, affaibliront de façon conséquente la colonie. En fonction de la météo, quelques jours avant l’éclosion de la première cellule, la vieille reine, mise à la diète pour réduire son poids et lui permettre de s’envoler, partira avec pratiquement la moitié de la population ou du moins un tiers ; de la première éclosion sortira la reine de la colonie et les ouvrières procèderont à la destruction des cellules restantes (sauf si naissances simultanées, dans ce cas il y aura des essaimages secondaires, avec même plusieurs reines vierges dans le même essaim).

Quelques jours après sa naissance, si les conditions météorologiques le permettent, la jeune reine s’envolera pour le vol nuptial, accompagnée d’une vingtaine d’abeilles. Elle sera alors fécondée par plusieurs mâles ou faux bourdons, une vingtaine, provenant de diverses souches génétiques. Durant sa vie, ce sera sa seule sortie de la ruche (en dehors de l’essaimage). Dans certains écrits, il est relaté le fait que la reine pourrait faire plusieurs sorties…

Œufs au fond des cellules

À noter qu’il faudra surveiller, dans une ruche ayant essaimé, le « remérage », c’est-à-dire le fait que la nouvelle reine ait bien commencé sa ponte. Si, au bout de 3 ou 4 semaines après l’essaimage, l’on n’observe pas de ponte dans la ruche « souche », il faudra introduire dans celle-ci un cadre de couvain ouvert avec œufs, provenant d’une bonne colonie, afin que les abeilles élèvent une nouvelle reine ou bien sûr si vous en avez, vous pourrez toujours introduire une cellule prête à naître, en prenant bien soin de la protéger par un papier aluminium en laissant l’extrémité libre.

Cellules royales d’essaimage, sur les bords du cadre
Cellules royales de sauveté, au milieu du cadre

Il existe plusieurs sortes de cellules royales : il faut savoir identifier les cellules de sauveté, d’essaimage et celle que l’on appelle supersédure.

La sauveté : après une mort subite de la reine (faute de l’apiculteur ou de mort naturelle), les cellules sont regroupées un peu partout sur plusieurs cadres, vous pouvez vous en servir pour faire des essaims.

Celle d’essaimage : les cirières ont construit des cellules dites amusettes (cette définition peut varier), en règle générale sur les bords et en bas des cadres et si la reine n’a plus de place pour la ponte et que les jeunes abeilles sont en nombre dans la ruche, la reine viendra pondre dans ces amusettes.

La supersédure : lors d’une défaillance de la reine par vieillesse ou début d’un ralentissement de ponte, les ouvrières vont décider de la remplacer en construisant en général une seule belle grosse cellule dans le centre du nid à couvain, les abeilles changeront alors leur reine sans essaimer, c’est un vrai trésor que d’avoir dans son rucher ce genre de colonie, il faut élever sur cette souche.

C’est un peu l’effervescence au rucher et la présence de l’apiculteur est indispensable pour :

  • Surveiller l’essaimage et essayer de le prévenir
  • Préparer des ruchettes et des cadres de cire gaufrée.
  • La cueillette des essaims et la mise en ruche.
  • Surveiller les colonies en développement et pour celles qui ont des hausses, surveiller le remplissage.
  • Effectuer les premières récoltes. Les miels de printemps, et en particulier celui de colza, sont très riches en glucose. Cette caractéristique fait qu’ils cristallisent rapidement, y compris dans les hausses, d’autant plus si les températures sont basses. Il faut envisager les premières récoltes dès la défloraison des colzas, lorsque l’on voit les champs verdir (il faut, si possible, extraire dans un local chauffé et déshumidifié).

Comment prévenir l’essaimage ? Sans les détailler, voici quelques conseils, facilement applicables :

  • A la visite de printemps, bien apprécier les provisions et enlever les cadres de rives, un ou deux bien souvent pourvus de réserves et les remplacer par un ou deux cadres de cire gaufrée à placer juste après le cadre de pollen.
  • Au-delà de cinq cadres de couvain, prélever des cadres pour faire des essaims. C’est une stratégie « payante » : on limite l’essaimage et, à la fois, on obtient de nouvelles colonies.
  • Poser des hausses pour donner du volume en ayant soin de mettre 2 ou 3 cadres de cire gaufrée au centre de celles-ci.
  • Surveiller chaque semaine pour voir l’apparition des premières cellules et les détruire ; au bout de deux ou trois passages avec destruction, la fièvre sera normalement retombée. Attention : vérifier la présence d’œufs ou de très jeunes larves avant de détruire les cellules royales ! Cette pratique demande du temps et peut parfois perturber la colonie et la rendre agressive.
Mise en place d’une grille à reine avant la hausse

Grille à reine ou pas : à chacun sa méthode, mais sur le plan sanitaire, il est incontestable que les grilles à reine empêchent la ponte dans les hausses et ainsi le miel contenu dans les cellules n’est pas en contact avec celles qui ont contenu du couvain. Par ailleurs, le goût du miel peut en être un peu altéré et il peut dans certains cas, avoir un goût dit « animal ». De même, le travail lors de la récolte est grandement facilité grâce à l’absence de couvain.

C’est également la période favorable pour poser des grilles à propolis pour ceux qui veulent en récupérer pour leur consommation personnelle et également les trappes à pollen, qu’elles soient intégrées dans le plateau ou celles de façade. Un conseil : à moins que vous en ayez déjà récolté sur le saule, attendez la défloraison du pissenlit, car son pollen est très amer. Ce pollen pourra être utilisé de deux façons : pour la consommation de l’apiculteur, ou pour distribuer aux colonies à la sortie de l’hiver en le mélangeant avec du candi, il aura un effet dynamisant.

Trappe à pollen devant l’entrée de la ruche

La météo reste la clé de la réussite de l’année apicole, alors soyons optimistes même si le « temps des fleurs » reste très court…

Rendez-vous maintenant en juin.                                      

                                                                                               A.L. et K.L.

 

 

 

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.. et on dit quoi à la Reine .?. *

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