La Manche Apicole

AU FIL DES MOIS… JUIN 2023

Fleurs de trèfle

Autant nous avons eu un printemps précoce et favorable pour l’apiculture en 2022, autant celui de 2023 a été son contraire, à part les quelques derniers jours où le soleil a bien dominé, le vent froid dominant de nord, nord-est a été présent sur la quasi-totalité du mois de mai, avec des nuits froides qui ne favorisent pas la montée du nectar. Mais malgré tous ces aléas, une petite récolte de printemps a pu être faite chez bon nombre d’apiculteurs. Nous avons eu une assez bonne pluviométrie sur la première quinzaine, qui a pu favoriser le maintien des sols humides.

Pour ceux qui ont récolté du miel de colza, comme chaque année, il a fallu faire vite pour le conditionner. Après avoir enlevé uniquement les cadres operculés et remplacer ces derniers par des cadres vides cirés ou juste avec une amorce de cire, le miel extrait, de texture très fine est caractéristique de par sa cristallisation rapide, due au pourcentage élevé de glucose présent dans les miels de printemps. Le miel de printemps est facilement tartinable, mais attention à la cristallisation : il faut le mettre en pots dans les deux à trois jours qui suivent sa récolte. Si vous le souhaitez, vous pouvez en garder un peu pour le mélanger avec le miel d’été, afin que celui-ci soit également agréable en bouche.

Bel essaim

Essaimages et désolation, tels ont été les deux mots que nous avons entendu partout dans le département. Plusieurs raisons liées à l’essaimage : âge de la reine, météo chaotique telle que nous l’avons eue en ce mois de mai, peut-être un peu de négligence de l’apiculteur, mais l’un des signes majeurs de l’essaimage reste tout de même que le couvain ouvert devient inférieur à la surface du couvain fermé, lié à un blocage temporaire de la ponte de reine. Cela peut créer un déséquilibre au sein de la colonie entre le nombre de butineuses, de nourrices et de cirières. Puisqu’elles n’ont plus assez de larves à élever, les nourrices vont redistribuer la gelée royale à certaines larves qui deviendront reines et qui provoqueront à leur tour des essaimages.

Attention, nous allons arriver à cette période critique où il n’y a plus grand-chose à butiner (à part pour les abeilles des villes), vérifiez bien vos essaims artificiels afin qu’ils ne manquent pas de nourriture et n’hésitez pas à les renforcer en couvain ouvert qui ne pénalisera pas la récolte puisqu’il faut 42 jours pour faire une butineuse et autre avantage, en redonnant des cires neuves à bâtir, moins de risques d’essaimage. La miellée d’été débute généralement vers le 10 juin. Les colonies sont dans les « starting block », débordent d’abeilles (environ 70000 à cette période), donnez-leur du travail, cadres de hausse à construire et si la colonie est très populeuse, n’hésitez pas à mettre une deuxième hausse.

Pour information, saviez-vous qu’un arbre en fleurs d’une trentaine d’années a un potentiel énorme en production de nectar ? D’où l’utilité de planter également des arbres mellifères pour ceux qui possèdent un peu de terrain.

Liste des plantes attractives :

https://www.franceagrimer.fr/content/download/51417/494444/file/290517-Plantes%20attractives-abeilles.pdf

Si vous êtes curieux et disposez de temps, vous pouvez faire des mini-extractions au fur et à mesure des floraisons, pour avoir des miels de différentes origines florales ; il est vrai que dans la Manche, il est toujours compliqué d’avoir des miels monofloraux car la météo nous joue souvent des tours. N’hésitez pas également à faire construire des cadres de hausse, 2 à 3 par élément, pour toujours avoir de la cire en bel état et essayer de prévenir l’essaimage, moins présent, mais toujours d’actualité.

À partir de mi-juin, un temps ensoleillé, une hygrométrie favorable, des fleurs en abondance et des butineuses en quantité favoriseront le remplissage des hausses ; passez régulièrement sur votre rucher, car en une semaine la hausse peut être pleine et si vous voyez que toutes les conditions sont réunies, vous pouvez mettre deux hausses d’un coup, aucun risque à la saison que le couvain ne refroidisse.

La pose de la deuxième hausse : par-dessus ou par-dessous ? Voilà encore une question qui est régulièrement posée mais qui n’a de réponse que pour les apiculteurs convaincus de leurs certitudes. Nous avons essayé les deux méthodes sans aucune différence significative (sans résultat probant signifierait que ni l’une ni l’autre ne donne satisfaction). En tout état de cause, dans le doute, posez une deuxième ou une troisième hausse, cela donnera de la place à la colonie et évitera que les abeilles fassent la barbe sur la planche d’envol. Il faut penser que dans notre région la miellée est courte, donc ne passons pas à côté d’une récolte importante.

Les abeilles font la barbe

Les essaims : vous en avez sûrement récupéré quelques-uns ; n’hésitez pas à les stimuler, ils se développeront rapidement et pour certains vous empliront une hausse. Pensez à les traiter contre le varroa, avant que le couvain ne soit operculé. Un conseil : une quinzaine de jours après sa récupération et après avoir vérifié la ponte sur trois cadres au moins, cherchez la reine et tuez-la, c’est probablement une reine âgée de plus deux ans, et potentiellement essaimeuse. Les abeilles lanceront un élevage royal, et pour ceux qui font en parallèle un petit élevage, introduisez une cellule d’une de vos ruches sélectionnées et pour 2024 vous aurez une colonie dynamique avec moins de risques d’essaimage. Comme toujours, le remérage sera à  surveiller de très près. Et même si l’année apicole est loin d’être terminée, celle de 2024 est déjà en préparation…

Après ces quelques conseils, place à la miellée qui, espérons-le, sera abondante. Rendez-vous maintenant en juillet.

A.L. et K.L.

 

1 réflexion sur “AU FIL DES MOIS… JUIN 2023”

  1. Merci pour cet article. Pour contrer la période creuse entre la fin de l’aubépine et le début des ronces, nous avons semé au printemps dans notre jardin 60 m² de moutarde blanche. Les abeilles et autres pollinisateurs se sont bien présents depuis quelques jours. Cela présence une alternative entre deux floraisons dans notre région du cotentin.

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.. et on dit quoi à la Reine .?. *

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