Malgré les floraisons présentes, pissenlit, colza… le mois qui vient de s’écouler a été relativement froid à part trois ou quatre jours ensoleillés… Quelques visites succinctes ont toutefois pu être faites et ont permis de faire un bilan : peu d’homogénéité sur l’ensemble des colonies, manque de nourriture pour certaines ; n’hésitez pas à poser un pain de candi car il est toujours regrettable et impardonnable de voir une colonie mourir de faim. Et pour celles un peu faibles, un candi protéiné sera le bienvenu.
La visite de printemps : même si cela nous démange les doigts d’aller voir ce qui se passe à l’intérieur des ruches, attention ! Ne jamais ouvrir à moins de 16°, et il ne faut pas qu’il y ait du vent qui dessécherait les larves présentes et refroidirait le couvain. Celui-ci doit être compact, bien resserré pour donner de belles plaques : un signe de bonne santé ! Un couvain compact et concentrique sera le signe d’une reine prolifique. Un couvain clairsemé, c’est peut-être le signe que la reine est épuisée ou qu’une pathologie est en train d’apparaître.
Lors du changement de plateau, s’il y a présence de beaucoup d’impuretés, des petits blocs plâtreux, c’est peut-être le signe que la colonie est atteinte de mycose, resserrez-la, elle a probablement eu froid et sans nombre suffisant d’abeilles pour chauffer les larves, il peut y avoir un dessèchement de celles-ci.
Sans se précipiter, il va être temps de commencer à changer les cadres de rive où des moisissures sont apparues durant ces mois d’hiver, des cadres cirés avec votre propre cire gaufrée ou des cadres à jambage pour ceux qui ont fait ce choix, seront à placer entre le cadre à pollen et celui du couvain. Numérotez-les, par exemple 24 pour cette année, et lorsqu’ils seront construits et pondus, les replacer au centre du nid à couvain, ainsi leur renouvellement se fera plus aisément car les cadres neufs se trouveront au centre de la ruche et les plus anciens se rapprocheront des rives. Avec ce « turn-over », l’ensemble des cadres, pour une Dadant 10 cadres, sera changé au bout de quatre ou cinq ans. Plusieurs avantages : 1) assure du travail aux jeunes abeilles cirières, 2) permet de maintenir une bonne hygiène dans la ruche ; 3) maintien d’une abeille toujours de la même taille, car la succession de la ponte dans les mêmes alvéoles finit par la « raccourcir ».
Profitez également de ces premières visites où la population n’est pas encore trop importante pour repérer la reine et la marquer, cela sera plus aisé que d’attendre que les populations soient importantes. Pour le marquage, deux façons de procéder : utiliser le piston pour encager la reine et la marquer avec un stylo type Posca (une encre à l’eau), certains d’entre vous préfèreront coller une pastille numérotée, moins facile et peut-être plus risqué car il faut utiliser de la colle… ou pour les plus habiles, sans gants, vous attrapez par une aile la reine entre vos doigts et vous la marquez. Pour les débutants, vous pourrez vous entraîner sur des mâles afin de pouvoir maîtriser la pression sur l’insecte pour ne pas l’écraser… Rappel : les reines de 2023 seront marquées en rouge. Les reines de 2024 seront marquées en vert.
Avec les jours qui rallongent et le soleil qui commence à réchauffer l’atmosphère, les naissances se font de plus en plus nombreuses et la colonie croît rapidement, il faut impérativement donner du travail à la nouvelle génération d’abeilles. Dans la première quinzaine de leur vie, productrices de cire en quantité, donnez-leur des cires à bâtir, les cadres cirés et construits pourront toujours vous servir pour mettre dans les colonies plus faibles. Ne regardez pas le nombre de cadres neufs et de cire gaufrée que vous allez dépenser, c’est un investissement qui aura un retour certain. Il faudra également penser à préparer les hausses en mettant également des cadres cirés, deux ou trois par hausse,.. car même si la récolte de printemps risque d’être fortement compromise cette année par le manque de développement de nos colonies, et la météo assez froide, les abeilles ont besoin de travailler. Pour les cadres de hausse, ne cirez qu’un tiers du cadre : gain en cire et travail supplémentaire pour les cirières. Espérons tout de même que nous aurons un peu de récolte sur l’aubépine, très présente dans notre bocage et qui donne un miel très apprécié. En tout état de cause, un bon repère : lorsque les lilas commencent à avoir des grappes prêtes à fleurir, vos colonies devront être coiffées de hausses.
Le couvain de mâles commence à apparaître sur certaines colonies mais attention : s’il est trop important, c’est peut-être déjà un signe avant-coureur que la colonie se prépare à essaimer.
Pour ceux qui ont suivi des cours au rucher-école, ce sont des sujets qui ont été abordés, mais une petite révision n’est jamais néfaste. Une fois née, l’abeille passe par différents stades :
- À peine sortie de sa cellule, elle commencera à s’affairer pour la nettoyer, elle sera « nettoyeuse » afin que la reine puisse pondre de nouveau, la jeune abeille jouera ce rôle pendant à peu près deux jours.
- Ensuite viendra le stade « nourrice » pendant une dizaine de jours, elle secrètera, à l’aide de ses glandes hypopharyngiennes la gelée royale qui servira à alimenter pendant les trois premiers jours, toutes les jeunes larves et bien sûr la reine. De même, durant cette période, elle contribuera, car « tout le monde » s’y met durant la nuit, butineuses comprises, à maintenir une chaleur constante, estimée à 35°.
- Après ces stades de nettoyeuse, couveuse et nourrice, viendra celui de « cirière » ou maçonne pendant une petite dizaine de jours, Elle produira des petites écailles de cire grâce à des glandes situées sous l’abdomen. Elle s’affairera à réparer et à construire de nouvelles alvéoles. Saviez-vous qu’il faudra à la colonie consommer entre cinq et sept kilos de miel pour fabriquer un kilo de cire ?
- Un nouveau statut lui est maintenant défini, celui de « ventileuse et gardienne ». Grâce à ses battements d’ailes, elle maintiendra une température constante, ventilera l’excédent d’humidité et, en se trouvant sur le devant de la porte d’entrée, elle assurera également son rôle de gardienne.
- Son dernier rôle, celui de « butineuse » pendant environ trois semaines. En fonction des conditions environnementales, de la distance à parcourir, de la météo, le stade « butineuse » peut durer beaucoup plus longtemps si les abeilles ne peuvent pas sortir, pour aller chercher le nectar, le pollen, l’eau nécessaire à l’élevage et la propolis pour assainir la ruche. Elle s’épuisera plus ou moins rapidement.
Rendez-vous maintenant en mai. A.L. et K.L.