
Les ‘’murs à abeilles’’ dans la Manche…
C’est à l’occasion du week-end Pierres et Lumières, manifestations qui se déroulent en général en nocturne, que bon nombre de monuments, sites prestigieux sont mis en avant avec des représentations souvent musicales et des éclairages particuliers, que l’association AAPM (Association des Acteurs du Patrimoine de la Manche) a lancé son programme de mise au grand jour des murs à abeilles du département.
A la ferme des Marais à Hyenville, le lieu était magique, construction du XVIe siècle où le cadre ancestral a pu accueillir bon nombre de visiteurs, curieux de découvrir ce qu’on appelle les ‘’murs à abeilles’’. Pour cette occasion, le four à pain a fonctionné et le résultat de la cuisson, gâches et boules de pain a pu être proposé à la vente.
Des associations locales touchant le monde des abeilles étaient présentes sur ces deux journées : La Manche Apicole, Abeille Noire de la Manche et Murmures des Abeilles ont pu exposer leur point de vue et présenter leur activité respective.
Pourquoi ‘’murs à abeilles’’ ? Dans notre département, plusieurs formes et conceptions ont pu voir le jour en fonction du lieu de leur construction. Il peut être en terre ou en torchis, de forme plutôt ronde sur le dessus, que l’on trouve surtout dans les marais, là où l’argile est prédominante ; en schiste ou en calcaire, dans le même matériau que les constructions qui servaient pour les habitations, là il sera constitué de niches en pierres, plutôt cubiques, parfois même en forme de parallélépipèdes.
Nous avons pu constater qu’en fonction de l’importance du lieu, le nombre de niches est plus ou moins conséquent, pour preuve, une petite ferme possèdera quelques niches, trois ou quatre et une ferme manoir ou une bâtisse seigneuriale, pourra en posséder plusieurs dizaines…
Qu’elle était la destinée des ‘’murs à abeilles’’ ? Autrefois, les abeilles vivaient dans des ‘’bines’’, sorte de paniers fabriqués dans les matériaux que la nature pouvait offrir : ronce qui sera fendue pour l’ossature du panier, paille de seigle ou roseau des marais, le tout tressé, serré et assemblé afin que l’abeille soit à l’abri de l’air. Ces niches servaient d’abri à la colonie ; l’ensemble de ces cases était appelé apier, ou enclos à abeilles.
Il existait également des apiers de grande taille qui avaient une autre destinée que ceux trouvés dans nos fermes, ils servaient à réapprovisionner en paniers garnis d’essaims les niches lorsque les fermiers étaient en fin de droit de métayage ; dans la Manche, le célèbre mur à abeilles de Tessy-sur-Vire qui possédait plus de cent cases, servait à ce réapprovisionnement.
Autour de chez vous, amis apiculteurs, vous avez probablement connaissance de ces ‘’murs à abeilles’’ ; si vous êtes curieux et intéressés, vous pourrez frapper à la porte des demeures où vous pensez en trouver, expliquer le sens de votre visite, photographier le mur, noter le lieu exact, afin de pouvoir fournir une base de données qui servira à la fois notre connaissance et alimentera également le réseau des acteurs du patrimoine, par l’intermédiaire de l’AAPM. Contact : lamancheapicole@gmail.com et aapmanche@gmail.com
Alain LESCLAVEC