Episodes venteux et froid sur les vingt premiers jours du mois de janvier ont permis de recadrer un peu la saison hivernale, qui, jusque-là n’avait pas été très marquée. La douceur a repris le dessus sur les dix derniers jours et l’on a pu constater des rentrées de pollen, signe d’un redémarrage modéré de la ponte. Après les coups de vent successifs, il était primordial d’aller jeter un petit coup d’œil sur les ruchers pour constater s’il n’y avait pas eu de dégâts.
Depuis le début janvier, les jours rallongent et l’on sent déjà que le soleil prend de l’ardeur et à partir de 13-14°, les butineuses vont commencer à sortir et aller sur les chatons des noisetiers et autres saules. À remarquer que plus le pollen rentrera et plus la reine sera sollicitée pour pondre, mais avec ce redémarrage de l’activité, les abeilles vont consommer davantage : il faut absolument surveiller les réserves et ne pas hésiter à les compléter en posant un pain de candi ainsi que des abreuvoirs où les abeilles pourront venir chercher l’eau, indispensable pour dissoudre ce complément sucré. Mais en aucun cas, on n’ouvre les ruches ; vous pouvez par contre les soulever par l’arrière et juger s’il faut ou non leur apporter un complément solide.
Présent sur plusieurs secteurs de notre département, le frelon a causé des dommages collatéraux importants et de ce fait, certaines colonies auront du mal à repartir, car pas suffisamment populeuses, soyez vigilants. Dans certaines ruches, la reine n’est peut-être plus présente, ou trop vieille, d’où l’importance du marquage pour en connaître son âge signalé soit par la couleur de l’année de naissance posée sur le thorax ou pour les moins hardis, avec une punaise de la couleur de l’année plantée sur la ruche, il peut également être fait un relevé sur la fiche de conduite…
S’il n’y a pas suffisamment d’abeilles pour stimuler sa ponte, il faudra attendre une belle journée à la fin du mois ou en mars pour ouvrir et établir un vrai diagnostic et, éventuellement, stimuler au sirop 50/50 tiédi à 35° si cela en vaut la peine. Malgré cette stimulation, si la colonie est faible, elle aura du mal à repartir, il faudra alors penser à lui incorporer un cadre de couvain fermé, mais il est encore un peu trop tôt.
Déposez des langes graissés sur le plateau de quelques ruches pour voir si le traitement anti-varroas fait à l’automne et celui éventuellement réalisé à l’acide oxalique avec AMM (Autorisation de mise sur le marché) du début d’hiver ont été suffisants ; faites un comptage et au-delà de 2 varroas/jour, il faudra penser à refaire un traitement. Encore une fois, ne négligez pas le traitement contre varroa, il reste le fléau numéro 1 des abeilles, bien avant le frelon asiatique.
Si aucune abeille ne sort de la ruche par beau temps, il y a de fortes chances que la colonie soit morte, vous pouvez alors l’ouvrir, retirer les cadres, les fondre pour récupérer la cire qui ne devra pas servir à la confection de cire gaufrée (risque de maladie ou de pollution). En profiter pour ramener tous les éléments vides à l’atelier et les nettoyer, les gratter puis les passer au chalumeau afin de les désinfecter. Une petite astuce : pour retirer la propolis des cadres, les faire tremper dans un bain avec de la lessive de soude.
Si vous constatez des mortalités importantes, n’hésitez pas à le signaler à la DDPP. Il suffit d’envoyer un mail à l’adresse suivante : ddpp@manche.gouv.fr N’oubliez pas d’indiquer votre numéro d’apiculteur (NAPI).
Les commandes de matériel ayant été faites, c’est le moment de passer en revue tout le matériel et faire une remise en état des cadres, ruches et ruchettes, fondre sa cire, fabriquer la cire gaufrée pour ne pas être pris au dépourvu le moment venu. Préparez et cirez vos cadres que vous laisserez à température ambiante, faites des partitions en nombre car nous en avons toujours besoin.
Vous pouvez aussi réfléchir à de nouveaux emplacements et prendre contact avec des propriétaires de terrains jouxtant des endroits qui vous paraissent favorables : bois, friches, landes… Pourquoi de nouveaux emplacements ? : pour désorienter vos essaims par exemple, pour tester des endroits plus favorables aux récoltes et également pour avoir des miels de différentes saveurs. Il ne faut cependant pas déplacer les colonies par temps trop froid, ce qui désorganiserait la grappe. Dans tous les cas, pensez à respecter la législation en vigueur et à déclarer ces nouveaux emplacements. https://lamancheapicole.fr/regle-mentation/textes-reglementaires/#
Pensez également à déposer dès maintenant des pièges dits sélectifs pour capturer des fondatrices frelons asiatiques, car vu la pression que nous avons encore eue en 2023, nous pensons qu’il est important d’en piéger un maximum dès le réveil de la nature. Soyons vigilants.
Rendez-vous en mars. A.L. et K.L.