La Manche Apicole

AU FIL DES MOIS… JUIN 2025

 

Une météo généreuse depuis le début du printemps jusqu’au 20 mai a permis, pour ceux qui possédaient des colonies en état de produire, de faire une très belle récolte de printemps. Rarement une floraison aussi intense avec un soleil prédominant nous avait autant comblés ; les hausses se sont remplies comme en plein été, avec un miel d’une qualité gustative remarquable et des records de production pour certains…

Différents types de miel de printemps, colza à gauche.

Pour ceux qui ont récolté du miel de colza, comme chaque année, il a fallu faire vite pour le conditionner. Après avoir enlevé uniquement les cadres operculés et remplacé ces derniers par des cadres vides cirés ou juste avec une amorce de cire, le miel extrait, de texture très fine est caractéristique de par sa cristallisation rapide, due au pourcentage élevé de glucose présent dans les miels de printemps. Le miel de printemps est facilement tartinable, mais attention à la cristallisation : il faut le mettre en pots dans les deux à trois jours qui suivent sa récolte. Si vous le souhaitez, vous pouvez en garder un peu pour le mélanger avec le miel d’été, afin que celui-ci soit également agréable en bouche.

 

cadre de miel de colza cristallisé

Globalement, peu d’essaimages, ce qui prouve une fois de plus que lorsque nos colonies sont bien occupées à l’extérieur, l’essaimage est moins présent. Plusieurs causes liées à celui-ci : âge de la reine, travail fourni en intégrant des cadres de cire gaufrée et en ajoutant des hausses si besoin, peut-être un peu de négligence de l’apiculteur… mais l’un des signes majeurs de l’essaimage reste tout de même que le couvain ouvert devient inférieur à la surface du couvain fermé, lié à un blocage temporaire de la ponte de la reine. Cela peut créer un déséquilibre au sein de la colonie entre le nombre de butineuses, de nourrices et de cirières. Puisqu’elles n’ont plus assez de larves à élever, les nourrices vont redistribuer la gelée royale à certaines larves qui deviendront reines et qui provoqueront à leur tour des essaimages, en tout état de cause, cela reste tout de même assez difficile à maîtriser.

Nous sommes entrés dans la période critique où il n’y a plus grand-chose à butiner (à part pour les abeilles des villes), la nourriture peut manquer, vérifiez bien vos essaims artificiels et n’hésitez pas à les renforcer en couvain ouvert qui ne pénalisera absolument pas la récolte d’été puisqu’il faut 42 jours pour faire une butineuse et autre avantage, en redonnant des cires neuves à bâtir, moins de risques d’essaimage. La miellée d’été débute généralement vers le 10 juin, elle sera sans doute un peu plus précoce cette année. Les colonies sont dans les « starting blocks », débordent d’abeilles (environ 70000 à cette période), donnez-leur du travail, cadres de hausse à construire et si la colonie est très populeuse, n’hésitez pas à mettre une deuxième hausse.

Cadre de hausse à bâtir, simple amorce.

Pour information, saviez-vous qu’un arbre en fleurs d’une trentaine d’années possède un potentiel énorme en production de nectar ? D’où l’utilité de planter également des arbres mellifères pour ceux qui possèdent un peu de terrain et de passer l’information à nos élus locaux afin qu’ils veillent à faire planter dans leur commune, des arbres à fort potentiel mellifère (sycomores, tilleuls, châtaigniers).

Liste des plantes et arbustes mellifères 

Si vous êtes curieux et disposez de temps, vous pouvez faire des mini-extractions au fur et à mesure des floraisons, pour avoir des miels de différentes origines florales ; il est vrai que dans la Manche, il est toujours compliqué d’avoir des miels monofloraux car la météo nous joue souvent des tours. N’hésitez pas également à faire construire des cadres de hausse, 2 à 3 par élément, pour toujours avoir de la cire en bel état et essayer de prévenir l’essaimage, moins présent, mais toujours d’actualité.

À partir de mi-juin, un temps ensoleillé, une hygrométrie favorable, des fleurs en abondance et des butineuses en quantité favoriseront le remplissage des hausses ; passez régulièrement sur votre rucher, car en une semaine la hausse peut être pleine et si vous voyez que toutes les conditions sont réunies, vous pouvez mettre deux hausses d’un coup, aucun risque à la saison que le couvain ne refroidisse.

La pose de la deuxième hausse : par-dessus ou par-dessous ? Voilà encore une question qui est régulièrement posée mais qui n’a de réponse que pour les apiculteurs convaincus de leurs certitudes. Nous avons essayé les deux méthodes sans aucune différence significative (sans résultat probant signifierait que ni l’une ni l’autre ne donne satisfaction). Par expérience, nous pouvons écrire que la hausse vide placée en-dessous a au moins un avantage : plus aisé de mettre un chasse-abeilles si vous souhaitez faire des récoltes simultanées… En tout état de cause, dans le doute, posez une deuxième ou une troisième hausse, cela donnera de la place à la colonie et évitera que les abeilles fassent la barbe sur la planche d’envol. Il faut penser que dans notre région la miellée est courte, donc ne passons pas à côté d’une récolte importante.

Belle cellule royale

Les essaims : vous en avez sûrement récupéré quelques-uns ; n’hésitez pas à les stimuler, ils se développeront rapidement et pour certains vous empliront une hausse. Pensez à les traiter contre le varroa, avant que le couvain ne soit operculé. Un conseil : une quinzaine de jours après sa récupération et après avoir vérifié la ponte sur trois cadres au moins, cherchez la reine et tuez-la, c’est probablement une reine âgée de plus deux ans, et potentiellement essaimeuse. Les abeilles lanceront un élevage royal, et pour ceux qui font en parallèle un petit élevage, introduisez une cellule d’une de vos ruches sélectionnées et pour 2026 vous aurez une colonie dynamique avec moins de risques d’essaimage. Comme toujours, le remérage sera à surveiller de très près. Et même si l’année apicole est loin d’être terminée, n’oubliez pas qu’il faut toujours penser à la saison future…

L’agressivité des abeilles. Plusieurs facteurs peuvent perturber leur comportement :

  • La génétique, l’hybridation
  • Les gestes brusques de l’apiculteur, l’environnement bruyant (route, engins agricoles…)
  • Les odeurs (parfum, transpiration)
  • Les prédateurs tel que le frelon incitent la colonie à être sur la défensive
  • L’emplacement du rucher, mal orienté, situé sur des veines d’eau souterraines
  • Une ruche orpheline peut être momentanément agressive

Après ces quelques conseils, place à la miellée qui, espérons-le, sera abondante. Rendez-vous maintenant en juillet.

A.L. et K.L.

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.. et on dit quoi à la Reine .?. *

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