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AU FIL DES MOIS… MARS 2023

Comme chaque année, le mois de février nous apporte de belles journées ensoleillées, plutôt situées en milieu de mois, le soleil commence à chauffer et ce n’est pas rare de voir nos abeilles profiter de ces moments pour sortir et ramener du pollen et de l’eau pour inciter la reine à pondre. La nature reprend ses droits. Les aulnes commencent à allonger leurs chatons, les saules bourgeonnent, et petit à petit, ces nouveaux pollens remplaceront ceux des noisetiers qui commencent à roussir, et bien abrités, les pissenlits vont commencer à donner un peu de gaieté à nos talus et de nectar pour nos protégées. Le réveil est bel et bien là, soyons prêts à intervenir.

Les mains commencent à nous démanger pour aller voir ce qui se passe à l’intérieur des ruches, car tant de mois sans ouvrir c’est long et les passionnés que nous sommes ont hâte de reprendre leur activité favorite… Restez très prudents, pas d’ouverture possible sans que les températures aient atteint les 16°, avec un soleil présent et sans vent, la visite sera rapide pour faire le constat de la densité de la ponte. Petit à petit les jeunes abeilles vont remplacer celles d’hiver qui auront passé plusieurs mois à préserver la vie de la colonie.

10 points très importants à ne pas négliger  :

  • Vérifier si la nourriture est suffisante, les semaines à venir vont voir une consommation s’accentuer. Si besoin, ajouter un pain de candi ou si les températures le permettent, à plus de 16° vous pouvez donner en fin de journée aux colonies les plus faibles un peu de sirop épais et tiède pour compléter les réserves (à faire avec parcimonie).

Candi posé sur le couvre cadre

Candi posé directement sur les cadres

  • Un beau couvain, bien compact est signe que la colonie est prometteuse.

  • Un couvain clairsemé est le signe que la reine est âgée ou qu’elle a été mal fécondée. Si vous avez la certitude que c’est une jeune reine, c’est une non-valeur qu’il ne faudra pas garder, mais attendez le mois d’avril car un élevage royal ne peut être réussi sans avoir suffisamment de mâles aptes à la reproduction.
  • Pas de ponte du tout : ne perdez pas de temps à vouloir essayer de sauver la colonie, vous serez déçus. Si les cadres sont beaux, sans anomalie et sains (pas plus de 3 ans de service), vous pouvez les conserver, ce sera un gain de temps appréciable pour faire augmenter une ponte dans une autre colonie, sans avoir à faire construire au préalable des cadres cirés. Les abeilles pourront être secouées au loin en déplaçant la ruche de son emplacement initial, les ouvrières restantes se répartiront dans les autres ruches à proximité et seront facilement acceptées car leur jabot sera plein.
  • Pensez à aller sur votre rucher en amenant des plateaux propres, ils seront tous échangés pour éviter toute propagation de maladies.

Plancher ou plateau avec ventilation totale et tiroir

  • Attention au pillage ! Tout apiculteur rêve de n’avoir que des ruches populeuses et productives, mais malheureusement, sans en connaître la cause, des colonies plus ou moins faibles et sans surveillance particulière, peuvent se faire piller et un pillage organisé ne dure que quelques heures… Vous allez perdre à la fois une colonie et vous risquez de contaminer une ou plusieurs autres s’il y a un problème sanitaire.

Colonie pillée

  • A la fin du mois, les ruches faibles avec un couvain peu développé mais compact, peuvent facilement repartir avec un nourrissement de stimulation, 50-50 donné tiède et le soir à raison de 20 cl tous les 2 jours ; pensez également à réduire le trou de vol pour éviter tout pillage. Si c’est un sirop du commerce, le risque est moindre car il est sans odeur, mais attention à celui que vous fabriquez avec du sucre !

Nourrisseur plastique dans une hausse vide

  • Dès la reprise de la ponte, les colonies ont besoin de beaucoup d’eau pour la fabrication de la bouillie larvaire, mélange de pollen, miel et eau. Mettez-leur à disposition des abreuvoirs avec de l’eau saine ; avec un peu d’imagination, vous pourrez facilement trouver le moyen pour que les abeilles ne se noient pas… Changez l’eau régulièrement et si les abreuvoirs sont mis suffisamment tôt, elles en prendront l’habitude et n’iront pas chercher cette eau sur des flaques qui ont pu contenir des traitements agricoles, des hydrocarbures ou tout autre produit polluant…

Idée d’abreuvoir

  • Ne soyez pas impatients, attendez impérativement la fin du mois pour agrandir le nid à couvain, il ne faut pas augmenter prématurément le volume car les nuits sont encore fraîches et la population encore insuffisante. Attendez le bon moment (température adaptée et absence de vent) pour faire une visite approfondie et pour changer les cadres de rives noircis et souvent moisis par des cadres neufs et cirés.

Partition en styrodur

  • Dans le même ordre d’idée, n’hésitez pas à réduire le volume des colonies faibles et à ajouter des partitions isolantes et réfléchissantes, cela va considérablement aider les abeilles dans leur développement en maintenant la chaleur dans le nid à couvain.

Rendez-vous au mois d’avril.                                                            A.L. et K.L.

AU FIL DES MOIS… OCTOBRE 2022

Abeille sur fleurs de lierre

Un été chaud et sec comme on n’en avait pas vu depuis de nombreuses années s’achève. Les abeilles ont pu sortir pendant toute la durée des floraisons (sauf sur le trèfle qui a rapidement « grillé ») et ainsi, contrairement à 2021, nous pouvons écrire aujourd’hui que dans l’ensemble, ce fut une belle et bonne année apicole. Les floraisons sont maintenant presque terminées, le lierre est en fleurs et apporte du nectar en quantité non négligeable, ce qui favorisera la ponte et les naissances des futures abeilles d’hiver et plus elles seront nombreuses et mieux se passera l’hivernage. L’important apport de pollen facilitera le redémarrage de nos colonies courant janvier, à condition bien sûr que la météo soit favorable.

Nourrisseur plastique dans une hausse vide

Le sirop de nourrissement. Deux solutions, vous pouvez l’acheter dans un commerce apicole en bidons ou en seaux (il est bien assimilable et sans odeur) ou le préparer vous-même, donnez-lui alors une concentration importante en sucre, 5 litres d’eau pour 16 kg de sucre agrémenté de 4-5 cuillères à soupe de vinaigre de cidre car la transformation reste toujours délicate pour nos abeilles et il ne s’agit pas de les épuiser. Ce nourrissement d’appoint doit être terminé pour le 15 octobre, au plus tard. Dans tous les cas, le sirop doit être distribué le soir pour éviter le pillage (surtout si vous le préparez vous-même, celui du commerce posant moins problème sur ce point). À cette période, Il est préférable de donner du sirop plutôt que du candi, car plus facilement assimilable ; il faut savoir qu’en donnant du candi, les abeilles auront besoin d’eau pour le dissoudre et le consommer et en période hivernale, les sorties ne sont parfois pas possibles.

Cadre nourrisseur en bois

Renforcement des ruches faibles. Si vous possédez plusieurs colonies, essayez « d’équilibrer » leur force en étant, bien sûr, vigilant sur l’état sanitaire de celles où vous aller prélever…. Ainsi, si vous disposez d’une ruche comprenant plus de 3 cadres de couvain, il est possible d’en donner un à une colonie qui n’en possèderait que un ou deux. Le raisonnement est le même pour les cadres de provisions : on trouve parfois des colonies très « chargées » et d’autres qui le sont peu.

Niveau des ruches. Pensez à les caler en leur donnant une pente vers l’avant, à la fois cela permettra aux abeilles de ne pas se noyer dans le sirop de nourrissement que vous leur avez donné et pendant cette longue période hivernale, l’écoulement de l‘humidité présente dans les ruches sera facilitée.

Tiroir pour fermer le plateau plastique

Fermer les plateaux. Pour ceux qui avaient choisi d’ouvrir le fond de leurs ruches, pensez à glisser vos plaques pour éviter les courants d’air à l’intérieur.

Toits. S’ils sont plats, vous pouvez y poser une grosse pierre ou un petit parpaing afin qu’ils ne soient pas emportés par le vent. Il est également intéressant de mettre une couche de matière isolante entre les toits et le couvre-cadres.

Portière anti-frelons

Intrusion des rongeurs. C’est le moment de poser les portières à l’entrée des ruches pour éviter que des intrus viennent s’installer bien au chaud pour passer l’hiver ; nous pensons au mulot, il trouvera gîte et couvert et souillera l’intérieur. Cet aspect est important et il n’est pas rare, malheureusement, de retrouver des colonies mortes à cause des rongeurs. Choisissez plutôt des portières anti-frelons pour également éviter leur intusion.

Partition en position 10

Partitions. Il est grand temps de resserrer les colonies avec des partitions pour celles qui sont un peu moins populeuses, car il faut toujours penser au calorifugeage, moins il y aura de déperdition et mieux ce sera.

Lanières de traitement anti-varroa

Traitement contre varroa. Phase très importante, il est grand temps de faire le traitement et surtout il est indispensable pour la survie des colonies. Si vous avez utilisé des lanières, grattez-les à la brosse métallique (pour enlever la propolis) au bout de 4-5 semaines depuis la pose et repositionnez-les là où se situe le couvain car il ne faut pas oublier que la grappe se déplace…

Mise en hivernage. A partir de maintenant, plus d’intervention sur vos ruches, après le travail important qu’elles ont fourni, elles ont bien mérité qu’on les laisse en paix.

Nos abeilles souffrent de beaucoup de maux. Les paramètres que l’on peut maîtriser restent peu nombreux, cependant, l’action de l’apiculteur en début d’automne est déterminante : traitement varroa, compléter si besoin les provisions et mise en place des partitions.

Prochain rendez-vous en novembre. A.L. et K.L.