La Manche Apicole

AU FIL DES MOIS… MAI 2023


Froid, pluie et vent dominant de nord-est, voici le triste constat que nous avons pu établir pour ce mois d’avril qui vient de s’écouler. Tout au long de celui-ci, nous avons eu la chance d’avoir enregistré une forte pluviométrie, cela a permis aux ronciers de bien démarrer, ainsi qu’au trèfle blanc de verdir, là où les prairies naturelles n’ont pas été transformées en cultures. Un démarrage un peu plus tardif pour certaines colonies qui ont pu rattraper leur retard avec les floraisons bocagères ou fruitières. Pendant les rares périodes de beau temps, nos colonies ont pu faire une belle rentrée de nectar et ainsi se développer.

Numéroter les cadres pour une meilleure rotation

Nous avons pu profiter de quelques belles éclaircies pour effectuer une bonne visite de printemps, avec remplacement des cadres de rive et apport de cire gaufrée, pour faire travailler les jeunes abeilles productrices de cire. Cela permet de procéder à une bonne rotation des cadres, pour à la fois assurer le bien-être de nos protégées et également s’assurer d’une bonne conduite apicole. Le cadre neuf positionné entre celui du pollen et le premier cadre de couvain sera déplacé sans tarder avant qu’il ne soit rempli de nectar, il faudra le positionner au centre de la ruche. Si vous en avez mis deux à construire, un de chaque côté, les repositionner tous les deux. Pensez à numéroter les cadres neufs pour faciliter cette rotation. Autre précision sur ce sujet, cela permet également de faire développer plus rapidement la colonie car au centre du nid à couvain, la reine viendra très rapidement pondre. Nous avons pu constater que le couvain était beau en général, certaines, manquant un peu de population, ont développé un couvain dit « plâtreux », car il y a eu un manque certain de chaleur au sein de la ruche. On a pu y remédier en resserrant les cadres et en plaçant des partitions chauffantes.

Constitution d’un essaim artificiel

La pose des hausses a été plus tardive cette année, mais à partir de la mi-avril, en veillant toujours à ne pas refroidir le couvain, elles ont pu être placées. Par précaution, la pose d’un isolant sur une partie des cadres (morceau de couverture de survie, carré de toile cirée ou isolant multicouches…) est recommandée. Des essaims artificiels ont pu également être constitués pour à la fois « dégonfler » certaines colonies, augmenter son cheptel ou pallier aux pertes hivernales assez importantes cette année.

Courbe miellée Colza 2023 sur balance connectée

Ceux qui ont des balances connectées ont pu suivre leurs ruchers distants et s’apercevoir que sur quelques ruchers bien protégés, les hausses se sont rapidement remplies, deux par ruche… Ce ne sera probablement pas la récolte du siècle en ce printemps 2023, mais une petite quand même et il ne faut surtout pas la négliger si l’on ne veut pas voir partir des essaims  sur l’ensemble des colonies.

La période tant redoutée de tous les apiculteurs reste l’essaimage et même si vous avez été prévoyants, donné de la cire à étirer, posé des hausses, fait des essaims… quelques départs vont quand même être constatés malgré tous ces efforts. Déjà, dès le début du mois, des essaims sont partis. L’essaimage reste le mode de reproduction naturel des colonies d’abeilles, mais voir ou constater une ruche se vider d’une grande partie de sa population peut engendrer un certain découragement, soyons donc vigilants. Un dicton à méditer : essaim de mai vaut vache à lait…

Récolte d’un essaim au rucher-école en 2022

En ce début de printemps, l’euphorie qui règne au sein de la ruche est également appelée fièvre d’essaimage, et fort heureusement, rien ou presque ne peut contrer ce rituel ancestral. Les ouvrières, poussées par cet instinct, édifieront des cellules royales en nombre qui pourront potentiellement donner naissance à autant de reines et de surcroît à plusieurs essaims secondaires qui au fur et à mesure des départs, affaibliront de façon conséquente la colonie. En fonction de la météo, quelques jours avant l’éclosion de la première cellule, la vieille reine, mise à la diète pour alléger son poids et lui permettre de s’envoler, partira avec pratiquement la moitié de la population ; de la première éclosion sortira la reine de la colonie et les ouvrières procèderont à la destruction des cellules restantes (sauf si naissances simultanées, dans ce cas il y aura des essaimages secondaires, avec même plusieurs reines vierges dans le même essaim).

Cellules royales d’essaimage

Quelques jours après sa naissance, si les conditions météorologiques le permettent, la jeune reine s’envolera pour le vol nuptial, accompagnée d’une vingtaine d’abeilles. Elle sera alors fécondée par plusieurs mâles ou faux bourdons, une vingtaine, provenant de diverses souches génétiques. Durant sa vie, ce sera sa seule sortie de la ruche (en dehors de l’essaimage). Dans certains écrits, il est relaté le fait que la reine pourrait faire plusieurs sorties…

À noter qu’il faudra surveiller, dans une ruche ayant essaimé, le « remérage », c’est-à-dire le fait que la nouvelle reine ait bien commencé sa ponte. Si, au bout de 3 ou 4 semaines après l’essaimage, l’on n’observe pas de ponte dans la ruche « souche », il faudra introduire dans celle-ci un cadre de couvain ouvert avec œufs, provenant d’une bonne colonie, afin que les abeilles élèvent une nouvelle reine.

Un œuf au fond de chaque cellule

C’est un peu l’effervescence au rucher et la présence de l’apiculteur est indispensable pour :

  • Surveiller l’essaimage et essayer de le prévenir
  • Préparer des ruchettes et des cadres de cire gaufrée.
  • La cueillette des essaims et la mise en ruche.
  • Surveiller les colonies en développement et pour celles qui ont des hausses, surveiller le remplissage.
  • Effectuer les premières récoltes. Les miels de printemps, et en particulier celui de colza, sont très riches en glucose. Cette caractéristique fait qu’ils cristallisent rapidement, y compris dans les hausses, d’autant plus si les températures sont basses. Il faut envisager les premières récoltes dès la défloraison des colzas, lorsque l’on voit les champs verdir (il faut, si possible, extraire dans un local chauffé et déshumidifié).

Comment prévenir l’essaimage ? Sans les détailler, voici quelques conseils, facilement applicables :

  • A la visite de printemps, bien apprécier les provisions et enlever les cadres de rives, un ou deux bien souvent pourvus de réserves et les remplacer par un ou deux cadres de cire gaufrée à placer juste après le cadre de pollen.
  • Au-delà de cinq cadres de couvain, prélever des cadres pour faire des essaims. C’est une stratégie « payante » : on limite l’essaimage et, à la fois, on obtient de nouvelles colonies.
  • Poser des hausses pour donner du volume
  • Surveiller chaque semaine pour voir l’apparition des premières cellules et les détruire ; au bout de deux ou trois passages avec destruction, la fièvre sera normalement retombée. Attention : vérifier la présence d’œufs ou de très jeunes larves avant de détruire les cellules royales ! Cette pratique demande du temps et peut parfois perturber la colonie et la rendre agressive.

Grille à reine ou pas : à chacun sa méthode, mais sur le plan sanitaire, il est incontestable que les grilles à reine empêchent la ponte dans les hausses et ainsi le miel contenu dans les cellules n’est pas en contact avec celles qui ont contenu du couvain. Par ailleurs, le goût du miel peut en être un peu altéré et il peut dans certains cas, avoir un goût dit « animal ». De même, le travail lors de la récolte est grandement facilité grâce à l’absence de couvain.

Trappe à pollen

C’est également la période favorable pour poser des grilles à propolis pour ceux qui veulent en récupérer pour leur consommation personnelle et également les trappes à pollen, qu’elles soient intégrées dans le plateau ou celles de façade. Un conseil : à moins que vous en ayez déjà récolté sur le saule, attendez la défloraison du pissenlit, car son pollen est très amer. Ce pollen pourra être utilisé de deux façons : pour la consommation de l’apiculteur, ou pour distribuer aux colonies à la sortie de l’hiver en le mélangeant avec du candi, il aura un effet dynamisant.

Maintenant que les fleurs sont bien présentes, espérons que la météo sera de la partie !

Rendez-vous maintenant en juin.                                                         A.L. et K.L.

 

 

 

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.. et on dit quoi à la Reine .?. *

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